Mission accomplie

Dimanche 16 juin 2019, le rideau tombe sur la dernière soirée de la saison printanière. Le public et les auteurs sont encore sous l’effet combiné de l’émerveillement et de l’adrénaline. Nous rentrerons chez nous (ou chez quelqu’un d’autre) avec la satisfaction du devoir accompli : avoir livré, semaine après semaine, un spectacle littéraire de qualité, basé sur des textes inédit lus par leurs auteur.e.s connus ou inconnus.

Cette fois, nous sommes passés par AVENIR, PRENDRE, ACCESSOIRES, POLITIQUE, FRISÉ(E), DÉFOURNEMENT, TROPICAL, CHOSE, QUOTIDIENNE et SE.

Drôle de parcours, mais l’inattendu est la principale composante de notre ADN [Auteurs Dominicaux Notoires]. Surprendre, c’est ce qui justifie notre acharnement.

Merci à Houria, de La marche à côté, pour son accueil bienveillant, sa confiance et son sourire.
Merci à vous, public exigeant, chaleureux et complice. Merci aux dizaines d’auteurs, qui ne se mettent en danger ni pour la gloire, ni pour l’argent, car nous ne fournissons que de l’amour et un peu de bière.
Merci à l’équipe : Geneviève Gigi Fortier qui a dû concilier une année rocambolesque avec l’animation des soirées; Mario Bélanger et Mathieu Marsolais, qui se sont relayés dans le rôle du «DJ with benefits»; Marie-Ève Saucier et son cochon-mascotte Faïvo, qui ont assuré le booking; Olivier Bruel, qui conçu les affiches, gèré les médias sociaux et remplacé ceux qui tombaient au combat.

Et un merci spécial à Bruno Rouyère qui, en plus d’avoir été notre dernier Terminateur, a passé des soirées à nous caricaturer avec un talent inouï. Voici sa vision de la dernière soirée :

Bruno Rouyère

En principe. nous serons de retour cet automne, MAIS… il est possible que nous vous surprenions avec des Cabarets thématiques spéciaux! Nous ne vous en dirons pas plus aujourd’hui, restez à l’écoute et bon été à tou.te.s!

L’âge de la majorité?

Alors que Mère Nature se secoue les congères et que les crottes de chiens remontent lentement à la surface, voici venir la dix-huitième saison du Cabaret des auteurs du dimanche! En passant, ce n’est parce qu’on est à depuis toujours qu’on durera éternellement. Autrement dit, si ça fait 18 ans que vous vous dites qu’il faudrait qu’un jour vous veniez au Cabaret, faites-le ce printemps plutôt qu’en 2029.

Cette année encore, nous partagerons le plaisir de la chose écrite, comme on dit, dans le cadre chaleureux, inclusif et détendu de La marche à côté, avec un concept bien rodé… et quelques ajustements.

Notre animateur – c’est quoi déjà son nom? – nous ayant quitté pour se faire voir à la radio, c’est désormais Geneviève Fortier qui animera vos dimanches soir, et comptez sur son double cursus d’enseignante et d’improvisatrice pour mener le show à la baguette. Pas de coanimateur cette saison, mais le poste de DJ prendra de l’expansion. C’est Mario Bélanger et Mathieu Marsolais qui se partageront cette tâche en alternance. Ça va groover et giguer solide.

Dans l’ombre, Marie-Ève Saucier continuera de s’occuper des réservations pendant qu’Olivier Bruel gérera les médias sociaux et les artefacts visuels.

Cette saison, nous introduirons des jeux et des défis avec vous, cher public, car nous vous savons avides de participer, et le cadre intime nous permet cette complicité.

Petite nouveauté : nous demanderons à nos auteurs de limiter leurs textes à 750 mots plutôt que 1000. On ne sait pas encore ce qu’on fera de tout ce temps gagné : inviter plus d’auteurs ou aller nous coucher plus tôt? Cela fera partie des surprises.

Le reste, vous le découvrirez sur place. L’entrée est libre.

Réservez vos dimanches soir du 14 avril au 16 juin, et abonnez-vous donc à notre page Facebook si ce n’est pas déjà fait. https://www.facebook.com/groups/60043954147

À très bientôt!

Une autre de faite!

Il est temps d’éteindre les micros et de plier le chapiteau, la saison d’automne du Cabaret des auteurs du dimanche est terminée, après nous avoir fait vivre une sacrée gamme d’émotions.

Les mots LANGUE, ÉTENDRE, ÉQUIPE, FRÈRE, OUBLIÉ, ON, ENSUITE, et COMPTABLE ne suffisent pas à résumer ce qui s’est lu, chanté et joué lors de cette saison.

Profitons-en pour remercier notre public fidèle (ou volage), la belle Houria et sa Marche à côté, sans oublier nos auteurs bien aimés, gladiateurs des mots, saltimbanques du sens, sans qui tout cela n’en aurait aucun (de sens).

Un coup de chapeau au travail – bénévole, rappelons-le – de la coanimatrice Geneviève Fortier, des DJs Mario Bélanger et Mathieu Marsolais, de la bookeuse Marie-Ève Saucier et du remplaçant Olivier Bruel.

Gardons pour la fin celui qui a annoncé sur scène sa retraite du Cabaret, malgré son air fringant. Il devra cesser de se coucher tard pour mieux se lever tôt et assurer une chronique radiophonique sur une station de l’Empire, mettant fin à plus de cinq années de dévouement à notre cause. Stéphane Plante nous quitte, et jamais personne ne saura lui rendre un hommage à sa grandeur. Sauf peut-être sa maman.

Une page se tourne sous la neige précoce. Il nous reste à passer un hiver chaleureux, et, pourquoi pas, à s’offrir des livres.

Si tout le monde est bien sage, il se pourrait que le Père Noël nous offre une 18ème saison au printemps prochain. Du 14 avril au 16 juin à la Marche à côté, par exemple.

Gâtez-vous!

Un nouveau tour de langue

C’est reparti! Le 23 septembre à 20 h. Juste avant que l’été ne nous quitte, le Cabaret des auteurs du dimanche nous revient!

Devinez un peu quel thème aura cette première soirée de littérature orale? LANGUE. Vous ne nous croirez pas, mais c’est un pur hasard. De quoi stimuler l’imagination de nos auteurs, en tout cas.

Comme la saison passée, le cabaret sera animé par Stéphane Plante, assisté de Gigi Fortier. Nouveauté cette année : nous aurons deux DJ en alternance, et c’est Mathieu Marsolais qui ouvrira la bal ce dimanche. Attachez vos tuques.

La liste des auteurs reste à confirmer (mais elle est bonne).

Comme au printemps dernier, c’est à La marche à côté que ça se passe. On y rit, on y boit et on en parle… trois activités qui se pratiquent avec la langue. Tout est dans tout. À dimanche!

Ubertextualité et gratitude

C’est la tête pleine de vibrations ubertextuelles que nous refermons cette saison printanière du Cabaret. Un trip collectif en neuf étapes qui nous a amenés à explorer des thèmes aussi divers que PRUNEAU, ATHÉE, PROTOCOLE, SLOGAN, BESOIN, MAIS, CAFETIÈRE, 2018 et ÉTATS-UNIS, et qui a fini en apogée humaine et littéraire. Un bouquet final digne de La Ronde.

Profitons-en pour remercier La marche à côté de nous avoir hébergés; nous avons tellement apprécié que nous y reviendrons cet automne.

Merci aussi à notre public, qui connaît le secret d’une bonne soirée et qui n’hésite pas à en parler à ses amis. Vous nous êtes précieux.

Merci à l’équipe d’organisateurs bénévoles : Stéphane Plante, Geneviève Fortier, Marie-Ève Saucier, Mario Bélanger, Olivier Bruel, et le petit nouveau, Mathieu Marsolais, qui sera – scoop! – notre prochain DJ, en alternance avec Mario/DJ Caméléon.

Et merci bien sûr à nos auteurs, bénévoles eux aussi, qui sont le cœur de nos soirées, et qui ont encore su nous surprendre en explorant des univers aussi personnels qu’inattendus. Ils se mouillent pour vous, on ne saurait trop les en remercier.

Notez ce rendez-vous : le Cabaret des auteurs du dimanche redémarre le 23 septembre et répandra sa magie jusqu’au 18 novembre. D’ici là, il n’est pas impossible qu’on vous prépare des petites surprises…

Restez à l’écoute, et bon été à tous·te·s!

Un printemps qui a du spring

Le Cabaret des auteurs du dimanche est de retour depuis le 22 avril pour un printemps plein de promesses!

Déjà, nos trois premières soirées (pruneau, athée et protocole) ont donné le ton à une saison aussi surprenante qu’énergisante, et nous avons hâte d’entendre ce que nos auteurs auront écrit sur SLOGAN (le 13 mai)!

Par rapport à l’an dernier, trois bonnes nouvelles :

Bonne nouvelle numéro un : nous sommes retournés dans notre Plateau natal et avons réinstallé notre chapiteau littéraire à La marche à côté, un sympathique petit bar, pas loin du métro Laurier.

Bonne nouvelle numéro deux : nous avons récupéré notre légendaire DJ Caméléon (Mario Bélanger), qui assure l’habillage sonore (et bien d’autres choses), en alternance avec la radieuse Marie-Ève Saucier.

Bonne nouvelle numéro trois : nous avons survécu à l’hiver! Comme disaient Nietzsche et Chuck Norris, «ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts».

Sauf exceptions, les soirées sont animées par Stéphane Plante, avec la complicité de Geneviève Fortier. On ne change pas une équipe gagnante.

On vous attend, tous les dimanches jusqu’au 17 juin, à 20h à La marche à côté!

Fin d’automne

C’est fini pour la saison d’automne du Cabaret, après neuf soirées épiques qui nous ont fait visiter des thèmes aussi variés que MARCHE, DIFFICILE, FORCE, PREMIER, OPTIQUE, MANIAQUE, RENCONTRER, MOI, et POUVOIR.

Il est temps pour nous de ranger nos lutrins pour passer nos costumes de lutins (de Noël).

Merci au public, exigeant et généreux, qui a le courage de tourner le dos à Tout le monde en parle pour venir écouter ce dont on ne parle pas assez.

Merci aux auteurs, les nouveaux et les habitués, qui écrivent dans l’urgence et se livrent sans pudeur sur la scène, pour notre plus grande joie.

Merci à l’équipe de la Taverne Jarry, et particulièrement à Serge Yvan, l’homme qui sert des pintes et des textes.

Merci aux organisateurs : Stéphane, maître de cérémonie et parfait imitateur de Marc Messier; Geneviève, fidèle coanimatrice et source de savoir encyclopédique; Marie-Ève, qui remet le «muse» dans «directrice musicale», et Olivier, qui s’occupe des médias sociaux et parle de lui à la troisième personne.


Rendez-vous le 22 avril 2018, Jour de la Terre et de notre retour, dans un lieu qui reste à préciser, et avec une énergie toute printanière!

Joyeuses Fêtes… et offrez des livres!

Difficile Brexit

Texte de Divan Viril sur le thème DIFFICILE

Il ne faut pas faire l’AUTRICHE*, suite au Brexit, l’Europe est en déroute et les parlementaires Anglais se font enguIRLANDEr*. Yvon Deschamps se le demandait déjà en 1968 : Les unions, qu’ossa donne? Les regroupements, KOSOVO**? Ça SER BIEn** les intérêts de quelqu’un, non? Depardieu, par exemple, a vécu longtemps dans le LUXE EM BOURGlingant* dans les vieux pays, pratiquant l’évasion fiscale façon helvète; pour les contrôleurs fiscaux déçSU : ÈDEredon* du secret bancaire!  Mais ce stratagème est maintenant d’une BULGARIEté*! Dorénavant, il faudra aller se compromettre en Russie. Ou bien, l’EST ONIE,* au NOR VÈ-GE**? Le référendum britannique, ce dos-D’ÂNE, MARK*le début d’une historique remise en question et aucun autre pays ne SUIS SEt** exemple. En France, déjà, la RÉPUBLIQUE TCHÈQUE*! Ces petits ROY AU ME-UNI* leur argumentaire d’une botte imparable : « Ce sera eux ou nous »! En gros : « Étrangers, retournez dans votre tROU, MANIE* déjà acquise lors de vos longs mois de migration ». Cette pensée est abjecte! LE TON NIE* les droits de l’Homme ! Les réfugiés sont pourtant là, aux frontières, MACÉ, DOuaNEs** inquisitrices entre eux et la liberté. L’Europe doit se faire plus accueillante : « MONTÉ NÉGRO** z-et Syriens! Ici aussi la situation est loin d’être normALLE. MAGNEz*-vous le train pour venir contribuer au projet présentement maladiF, RANCE* et tombé au plus profond de l’abIS. » LANDEmain** douloureux pour l’Union, ce n’est PO LOGNEon* qui fait pleurer autant que, à la FIN, L’ANDEémique* honte associée à l’échec du projet européen. OSLO VÉNIEl* tapi dans l’ombre, la cruauté des patrons n’ESPAGNE* personne. Toi, frère migrant, que l’on CHYPRE* fissa d’où il venait; à peine descendu de ton transPOR, TU GALères* pour te faire comprendre? Tu dis que c’est pire chez vous? Je te CROA TIE* tu l’affirmes. Pourtant, les forces de l’ordre sont ici implacables : « Vos papiers! Le fameux visa, as-TU, R’QUIE** pour ton entrée? » Face au soldat, si tu ne connaissais pas encore la courte liste de tes droits, ITALIE* derechef! Dans ton nouveau pays d’accueil, il n’y a pas d’indulgence : en entrevue, une liaison MAL TE*-à propos et c’est un autre qui aura le job! Tu te plains? Le BOS NIE– : HER ZÉ GO again**! En Europe, les changements se font aussi très lentement, mais sans brAL-BA, NIE** heurt. Ailleurs, pendant que la police se GRÈCE* avec l’argent des passeurs, une jeune fille tente de franchir des barbelés : une rafale de mitraillette et voilà que la BEL GIQLE*! Elle tombe, MOL, D’AVIEs** qu’elle préfère cela à mourir de faim. Cette image, rediffusée mondialement à 72 dé PAYS, BAS* toute opposition : les gens, SLO, VAQU(i)Ent* à leurs occupations, même si certains s’offusquent en pensées. Dans tous les cas, ce n’est pas parce qu’HONGRIE* que c’est drôle!

*Pays faisant partie de l’Union européenne
**Pays ayant manifesté l’intérêt d’en faire partie

Fermés pour l’été

C’est le cœur plein d’amour et le foie encore brumeux que nous vous remercions pour cette fin de saison enthousiasmante! Ce 25 juin, un alignement d’auteurs dont la quantité (14) n’avait d’égal que la qualité (★★★★★) a clos la ronde printanière du cabaret 2017.

Nous tenons à remercier la Taverne Jarry pour son accueil et ses bières abordables. La Taverne a changé de propriétaire la semaine dernière et nous ferons tout notre possible pour lui être sympathiques afin qu’elle nous héberge jusqu’à la fin des temps! Saviez-vous que sans nous, la Taverne ne serait même pas ouverte le dimanche? Un gros bec au passage à notre auteur-barman préféré, Serge Yvan! Nous savons que nous pouvons compter sur nos spectateurs et sur nos auteurs assoiffés pour faire tourner le bar et assurer notre avenir. Oui, ceci est une incitation à boire.

Merci à notre public, ouvert d’esprit, complice et de plus en plus nombreux.

Merci à nos auteurs, qui prennent chaque semaine le risque de se livrer à vous dans le seul enrobage de leurs mots, et sans autre rémunération que vos applaudissements.

Et merci à la petite équipe qui organise et anime cet improbable évènement. À Stéphane qui «donne de sa personne» dans une animation toujours rafraîchissante. À Geneviève, qui nous instruit avec passion, alors qu’elle est encore moins payée que quand elle enseigne. À notre recrue de la saison, la lumineuse Marie-Ève, dont la présence, le sourire, la musique et les textes nous catapultent d’une émotion à l’autre. Et au quatrième mousquetaire, Olivier, qui s’occupe des affiches et des réseaux sociaux, et qui doit donc s’autocongratuler publiquement. C’est fait.

Repassez vos tuques : une saison automnale est confirmée! Entre temps, profitez de l’été et lisez sans modération!

FLORILÈGE DE NOTABLES SOLITUDES

Sur le thème «seul(e)», par Divan Viril

seul, comme le premier poisson
sorti de l’eau
pour essayer ses jambes

seul, comme le jeune fan d’Harry Potter
arrivant déguisé au cinéma
après son traitement de chimio
le lendemain de la dernière projection

seule, comme cette aventurière du Kansas,
traversant l’Atlantique
au‐dessus des bateaux
dans l’entre‐deux‐guerres

seule, depuis que son père voit à travers elle
depuis qu’il refuse de dire son nom
depuis
qu’il met son chapeau au frigo

seul, comme le roi glissant
sur l’échiquier dénudé
tentant d’éviter avec désespoir
le mat en 4 coups

seule, comme la schtroumpfette
devant fournir pour tous les habitants du village
sauf peut‐être le coquet et le costaud

seul, comme ce cardiologue meurtrier de Lachute
après son grand nettoyage intérieur

seul, comme un ex‐Beach Boy au fond de son lit

seul, mais anxieux
comme l’adolescent découvrant un site web de furries
son coeur battant fort
pas autant à cause de son ondulation masturbatoire
que dans la crainte d’entendre le son
de sa mère qui lui descend son lavage

seul, comme le médecin
découvrant la contagion
au 16e siècle
et devant tourner la syphilis en poème
pour se faire entendre,
mais non croire

seule, comme la mère pleurant
sur son ventre maintenant vide
de l’enfant perdu
encore,

seul, comme le maniaque pédophile
revenant du bois
alors qu’il a quand même un peu peur
du noir

seul, comme cet enfant unique
étudiant à l’étranger
ayant perdu ses parents
en leur annonçant sa bisexualité

seul, comme le magicien d’Oz
prisonnier
donnant toujours le même show
sans jamais de rappel

seul, comme le dernier dodo
appelant sa compagne
dévorée par un chien

seule, comme le nombre positif de fois
qu’il lui a dit qu’il aimait ses petits seins
avant de disparaître à la vue du test de grossesse,
positif lui aussi

seul, comme Michael Collins
dans son module de commande
pendant que les deux autres ploucs
jouent à la tag lunaire

seule, dans cette cabine
à se regarder
dans le miroir déformant
sous le spendex criard
masquant tout ce que les autres voudraient voir
(révélant tout ce qu’elle voudrait pourtant cacher)
ce ventre, ces cuisses,
ce vide, cette honte.
Elle retient son souffle,
avant d’affronter les faux compliments
de la vendeuse,
l’apathie avec un « name tag » :
sa seule alliée

seul, comme le sauteur
tête première
voyant arriver plus bas la foule
rendue floue par la vitesse
pendant qu’il perd un ski

seul, comme le ténia,
au plus profond de l’adolescent dodu
s’extasiant de ses progrès sur la balance,

seul, comme le pogo le plus dégelé de la boîte

seul, comme le matador
lorsqu’il a la mauvaise idée de banderiller lui‐même
avec une poussière dans l’oeil
le bovidé écumant
fonçant vers lui
dans une charge pesante

seul, comme le domino dans la main de l’enfant
lorsque son éternuement fait tomber
tous les autres
posés debout
en cinq heures

solitude du coucou
pondant dans le nid
laissé là par quelque
future nourrice

seul, comme le parachutiste posé sain et sauf au milieu du champ de mines

seul, comme Ted Kaczynski
au fond de sa cabane
préparant son retour à l’université

seule, comme la rose d’un monarque critique d’art
courant l’univers
à la recherche d’un renard
et de dessins de mouton

seul, comme une balle soviet dans un jeu de roulette

jamais aussi seul
que dans la seconde suivant un :
« c’est pas toi… c’est moi ! »

seul comme le doigt relevé du motard
désignant le ciel
à l’agent courroucé
lui demandant ses papiers

seul, comme le fossoyeur
passant sa journée devant une bière,
mais jamais attablé

seul, comme le CD d’Annie Brocoli,
derrière le divan du salon,
par la mère épuisée,
intentionnellement caché

seul, comme le lecteur veuf
au coin du feu de décembre
quelques secondes avant d’entendre le corbeau

laissé seul comme le premier homme à avoir regardé une huître avec délectation

seul, comme le jeune Nicolas de Sainte‐Émélie‐de‐l’Énergie,
champion de cache‐cache parmi ses cousins,
qui suit les pylônes depuis deux semaines
pour rentrer chez lui

#foreveralone Divan Viril, 30 prairial 225